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Les Iconographes
16 juin 2020

Le recherchiste, la recherche documentaire et l’étrangeté du moment !

Le documentaliste-recherchiste s'occupe de rechercher, d'acquérir, de sélectionner et de préparer les données et les documents audiovisuels (archives sonores, films, vidéos) ou iconographiques (photos, affiches, estampes, etc.) nécessaires à une production artistique, médiatique ou audiovisuelle (émission de radio ou de télévision, film, exposition, pièce de théâtre, livre, produit multimédia, etc.).

Témoignage d’un documentaliste audiovisuel pendant la crise de pandémie covid19 et le confinement subi !

Historien de formation et passionné par les images, Fabrice Héron exerce son métier auprès des décideurs de presse, des maisons d’édition, des musées et expositions, des agences de communications et de publicité, des sociétés de production.  Il conseille également les entreprises et les collectivités pour valoriser leur patrimoine photo/vidéo.

Fabrice Heron documentaliste Lyon (c) Fabrice Heron

Quelques semaines avant le confinement un producteur que je ne connais pas m’appelle pour me proposer de collaborer à un film documentaire de 90 minutes monté par un cinéaste de renom à partir d’archives photographiques et de films/vidéos. Le film sera monté en mai pour livrer un prêt à diffuser à la chaîne en juillet.

Début février le scénario est écrit, la recherche documentaire peut donc débuter pour alimenter la réflexion du metteur en scène des images et constituer un corpus dans lequel celui-ci pourra piocher pour monter les scènes de son film. Rendez-vous est pris le 15 mars pour se rencontrer, au moment même où Edouard Philippe annonce mettre le pays sous une cloche de verre. Le rdv est annulé et il se fera alors par visioconférence.

Je suis satisfait par ce projet ambitieux et de savoir que je vais être occupé les prochaines semaines mais je suis refroidi par l’étrangeté du moment et le côté abstrait de cette rencontre virtuelle pour une première collaboration. La relation entre le réalisateur et le recherchiste est singulière. Elle se fonde sur une entente qui vire parfois à la complicité voire à l’amitié. Comment être en confiance mutuelle sans une rencontre décisive ?

Si nombre d'initiatives ont fleuri sur la toile afin de faire venir la culture à la maison, il n’en est pas de même pour les films d’archives et les livres. Au début de chaque film je me documente sur le sujet pour m’immerger dans le scénario par la lecture d’articles, de revues spécialisées, des monographies voire même d’autres films qui ont été réalisés sur le sujet s’ils existent. Cela permet d’acquérir des bases solides pour ne pas passer à côté des sujets de la recherche, d’élargir la liste des mots clés (nom propres, géographiques, faits et évènements, etc.) qui me permettront d’aller « à l’assaut » des sources d’images en les interrogeant au mieux. La période de confinement qui commence est donc propice à la concentration et à cette première phase d’acculturation du sujet.

Indépendant depuis 2009, je suis habitué à travailler seul à domicile selon un tempo qui est le mien devançant ainsi la masse des salariés devenus télétravailleurs malgré eux par leurs employeurs. Avec la fermeture des sociétés et les restrictions de déplacement, les sources d’archives visuelles demeurent inaccessibles ! Si la révolution numérique a considérablement facilité l’accès aux documents à distance, les rencontres et les consultations sur place demeurent nécessaires.  Me voilà obligé de m’adapter à la situation. Reste donc à définir et à inventer une méthode nouvelle encore non explorée : celle de faire un film à base d’archives uniquement collectées à distance. Rechercher les images ne suffit pas, encore faut-il savoir les faire venir. Quelle source demeurerait encore ouverte ? Quel photographe serait disponible pour m’envoyer des fichiers ? Et avec quels délais de réponse ? De livraison des images ?

Je pars dans cet inconnu fort de mon expertise acquise au fil de nombreuses expériences qui m’ont forcé à m’adapter aux contraintes d’ordre technique, juridique et commercial. Trouver des solutions aux multiples problèmes rencontrés est une caractéristique forte de mon métier. Le documentaliste audiovisuel est dans sa partition de véritable couteau suisse de la recherche.

Fabrice Heron documentaliste Lyon (c) Fabrice Heron (5)

Le recherchiste partage avec les journalistes la même abnégation pour l'investigation et les méthodes d’investigation pour mener à bien une recherche. Pendant la recherche incessante, les idées filent et défilent jusque tard dans la nuit pour rattraper les heures perdues de la journée par manque de concentration et le temps passé avec les enfants. De la pugnacité jusqu’à atteindre une forme d’ivresse sans perdre de vue le fil rouge du scénario et les attentes du réalisateur. Les pensées surgissent de partout au grès des résultats, fusent, se recoupent, s’enchevêtrent, s’associent pour ouvrir de nouvelles possibilités d’exploration qui iront nourrir le montage du film. Le documentaliste est force de proposition tout en se gardant de braquer le metteur en scène des images.

Au fil de mes recherches, j’enregistre les photos, je télécharge les vidéos, réunissant ainsi une matière dense et prolifique formant une masse importante de fichiers que je prends le temps par la suite de répartir dans des dossiers correspondant aux sujets de recherche demandés. Les fichiers s’échangent sur la toile, partent par colis dans des disques durs sécurisés par les services postaux encore actifs.

Avec le réalisateur, nous nous parlons au téléphone pour confronter nos idées, nous organisons des réunions vidéo… les discussions sont intenses mais la juxtaposition des points de vue devient parcellaire rendue difficile par la distance. Le contact vient tout simplement à manquer ! Le planning de montage est rivé sur la date d’annonce du déconfinement et la nécessité de se retrouver dans une salle de montage. Le film émergera lorsque les archives trouveront alors leur autonomie en écho avec les intentions de réalisation insérées dans les scènes au fil des césures, des ruptures, des raccords, qui rythment la narration. 

Si la recherche est toujours une aventure, mener celle-ci en pleine pandémie est une exploration occulte, une véritable navigation à vue sans repères !  Intermédiaire privilégié entre tous les acteurs de la chaîne documentaire, le recherchiste endosse un rôle clé de médiateur rendu difficile par l’absence de relations sociales imposées pendant la pandémie

Heureusement le déconfinement du 11 mai abroge cette distanciation permettant un retour à une situation presque normale. Le film est en cours de montage et ne manquera de trouver un succès auprès du public non conscient de tous les rouages qui se trament dans les coulisses de sa fabrication.

 Fabrice Héron Recherchiste iconographe documentaliste audiovisuel

FABRICE HERON Iconographe Documentaliste audiovisuel - RECHERCHISTE - ICONOGRAPHE - DOCUMENTALISTE AUDIOVISUEL - Fabrice Héron | LinkedIn

Recherchiste - Iconographe - Documentaliste audiovisuel Devant la généralisation du multimédia, et face à la profusion des productions numériques, des besoins concrets apparaissent tant dans la recherche et la gestion d'images que dans la clarification des différents droits.

https://www.linkedin.com

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  • Collectif composé d'iconographes, de documentalistes audiovisuels et de recherchistes spécialisés dans la recherche transmédia (images fixes, animées et son), la gestion de droits pour les médias, l'édition, la culture, les agences de com et la pub.
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